Plus de 25 pays étaient représentés par des associations de la société civile dans ce Troisième Congrès du Dialogue Sud-Nord Méditerranée organisé à Tunis entre le 7 et 9 Juin 2012 et portant sur le partenariat qui pourrait exister entre « la Société civile et l’Autorité ».
Ce dialogue entre les représentants des sociétés civiles des deux rives de la Méditerranée et les institutions nationales et régionales développant des programmes dans la région avait été lance pour la première fois en 2004 par le Mouvement Européen International (MEI), une organisation internationale créé au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le but de ce premier congrès était de promouvoir des projets concrets dans les domaines de l’éducation, la formation professionnelle, les migrations, les investissements, l’emploi et d’assurer la participation active de la société civile aux processus politiques et décisionnels. La Déclaration d’Alger contenant un plan d’action pour une vision commune du futur fut ainsi signée en Février 2006.
Le congrès qui a pris place à l’hôtel Ramada Plaza à Gammarth au bord d’une plage dorée a duré deux jours et demi. La coopération dans les domaines de la mobilité des personnes, de l’éducation et de la formation, celle du domaine culturel, des domaines économiques et sociaux furent discutées dans six ateliers parallèles. Les questions posées concernaient la forme de partenariat qui pouvait être mis en place, comment développer le rôle de la société civile et comment les réseaux méditerranéens des organisations de la société civile pouvaient être améliorées.
Les propositions et recommandations qui ont résulté de ces ateliers peuvent être résumées comme suit :
- les sans voix doivent être entendues, représentées dans les associations représentant la société civile,
- des liens étroits tels que des jumelages devraient être formés entre Ngo nationaux, régionaux et internationaux,
- L’indépendance des Ngo vis-à-vis de l’état, même si subventionnés et crées par eux, devrait être assurée.
- Une société civile vigilante contribuant à l’instauration d’une vraie démocratie dans les pays concernés doit être développée.
Mais ce qui fut intéressant furent les conversations tenues en privé avec les participants. On parlait de la fin des régimes policiers et prédateurs, de la fin de la rotation biologique, dynastique et non démocratique, de la nécessité de mettre fin à une économie du « clan » ou le système public était démantelé. Mais on craignait aussi l’instauration de nouveaux régimes autoritaire récupéré par l’armée, ou dominé par des tendances extrémistes.
La disparité des revenus dans les pays vivant ce soi disant printemps facilite la montée de l’islam militant qui éduque, fractionne, organise, endoctrine les populations par le biais de multiple associations caritatives. En Tunisie près de 250 associations auraient vu le jour en un an, et on nous dit que plus de 500 sont actives. On y préconise le retour à la sharia, au mariage multiple. On parle de changer le Code du Statut Personnel, ces lois progressistes tunisienne promulgées en 1956 qui visait à instaurer l’égalité entre la femme et l’homme et qui abolissait la polygamie, permettait le divorce via une procedure judiciaire et le mariage sous consentement mutuel. Aujourd’hui le heurt entre ceux se voulant progressistes et ceux se disant islamistes et ayant des mentalités conservatrices a pris de l’ampleur. Tout en aidant les couches sociales les moins favorisées ces mouvements sont actifs politiquement non seulement en Tunisie mais aussi dans le reste du Maghreb, l’Afrique Musulmane, la Lybie et l’Égypte et tout le proche orient. Le danger réside dans le fait que ces organisations arrivent à prétendre incarner, représenter l’ensemble des citoyens.
Quelle que soit ces associations représentant la société civile et la volonté des citoyens, on en vient à se demander quelles sont les liens qui les relient à l’État. Reçoivent elles le support de l’État, émanent t’elles d’elle ou sont t’elles en confrontation avec ce pouvoir public. Lorsque l’on analyse les relations qui peut exister entre ces organisations et l’état on peut constater les développements suivants. La plupart du temps les associations civiles à caractère nationale s’allient à des associations à caractère internationales pour faire pression sur l’État vu comme répressif pour revendiquer des changements. L’État, a son tour et bien souvent se défend en reniant, répudiant les dites violations ou critiques. Les groupes défendant les droits qu’ils revendiquent continuent à rendre public les violations. Finalement les pressions nationales et internationales forcent le gouvernement à faire des changements, des améliorations tactiques pour alléger les pressions. Pour donner fin aux criticismes domestiques et internationales des nouvelles institutions sont formées, les règles ou lois ayant les normes requises sont acceptées. La dynamique de l’expansion de cette stratégie peut aboutir à des changements. Mais ces changements restent la plupart du temps des changements de forme mais pas de fond. Un processus, un phénomène d’indigénisation de certaines de ces valeurs, de ces reformes nouvellement acceptées font qu’elles sont interprétées, institutionnalisées différemment avec des détournements qui ne correspond pas à leur sens originel. Entre le dire et le faire, entre les textes rédigés et appliqués il peut y avoir un gouffre.
D’où dans un monde ou on parle de globalisation économique, de globalisation politique et culturelle que se passera t il véritablement ? Clash des civilisations différentes? Éloignement et isolement ? Ou acceptations des différences culturelles et autres et intégration soulignés par ces différences? Le temps décidera…