Les électeurs britanniques ont décidé : leur pays va quitter l’Union européenne.
C’est une catastrophe pour l’Europe, réduite en dimension, affaiblie, peut-être menacée d’autres ruptures. C’est encore plus une catastrophe pour un Royaume-Uni qui apparait aujourd’hui surtout comme un Royaume désuni, entre l’Ecosse et le reste du pays, entre villes et campagnes, vieilles zones industrielles et économie de services, ouverture et repli identitaire.
Les conséquences économiques seront à la dimension de l’événement : chute des bourses et de la Livre sterling – c’est-à-dire, ce qui leur a trop peu été expliqué un appauvrissement de tous les ménages Outre-Manche – hausse de l’incertitude et des anticipations négatives, échanges extérieurs entravés, croissance en berne…
Il ne faudrait pourtant pas jeter la pierre à nos voisins. Rappelons-nous qu’en 2005, les électeurs français (et néerlandais) ont porté un premier coup très dur aux efforts d’unification européenne en rejetant le Traité Constitutionnel. Rappelons-nous aussi que la Grande-Bretagne est, avec la Russie et la Suisse, le seul pays d’Europe qui n’a pas perdu la guerre ; elle a, longtemps seule, fait face à l’hydre nazie et sauver nos libertés. On peut certes s’inquiéter de voir la “démocratie directe” et ses aléas prospérer dans la “Mère des parlements” ; on doit regretter le rejet de plus en plus violent des élites par une population qui se sent incomprise, méprisée, victime des excès de la finance ou de la mondialisation. Cette leçon doit aussi être entendue chez nous.
Mais le retour aux frontières et égoïsmes nationaux n’est pas la solution. La voie est, plus que jamais, celle d’une Europe plus unie, plus solidaire et plus citoyenne, qui sache orienter et expliquer plutôt que règlementer, qui ait une vision de l’avenir et de son projet, qui sache parler aux cœurs et pas seulement aux portefeuilles, pour susciter l’élan. Comme l’a si bien dit Churchill, toute calamité est une opportunité. Aujourd’hui nous avons besoin d’un grand sursaut européen ce qui ne brise pas renforce.